«Pourquoi je ne suis pas restée à New York sept ans en arrière ? C'était pas seulement parce que j’avais envie de changer d’air après mon incarcération… c’était aussi parce que je ne voulais pas travailler pour Sam. C’est mon frère, et je l’aime énormément. Mais ses manières de faire..  je ne les aime pas. Et je pense que lui non plus n’aurait pas vraiment supporté travailler avec moi. Et puis, pour disons… “comparer”, nous n’avions pas les mêmes objectifs. Sam est tellement plus ambitieux que moi, à sa manière ! Il veut devenir quelqu’un. Et il est devenu quelqu’un, c’est un fait. Je suis très heureuse pour lui. Même si je sais qu’il n’est pas encore allé au bout de ses conviction. Ne me demandez pas ce qu’il veut de plus parce que je ne le comprends pas et j’en sais rien non plus ! Par contre, moi, je voulais simplement avoir mon petit contrôle dans ma petite zone, mon petit business, avec mes petites femmes. Même si j'aime voir les choses en grand, je n’avais pas besoin de devenir quelqu’un de grand, une grande milliardaire reconnue avec sa grande entreprise internationale reconnue, ses grands employés reconnus et je ne sais quoi d’autre de grand et de reconnu. Et d’ailleurs en venant à Los Angeles, je n'étais absolument pas venue dans le but de me marier une seconde fois, parce que mon premier mariage s’était fait quand j'étais très jeune et il s’était très mal terminé. Disons que je ne contrôlais pas mes émotions. En tout cas, encore moins que maintenant. Donc, je ne voulais pas réitérer la chose. Et aussi, je n’avais pas l’intention d’avoir un grand “patrimoine”. Les immeubles… et tout le reste. Par contre le Bat Mahlat’s a toujours été dans mes petits projets. Et, contrairement à mon frère, aujourd’hui, je l’ai, la consécration. Oui, je l’ai ! J’aime ma vie, parce qu’elle est faite pour moi, je ne m’imagine pas vivre un autre train de vie que celui-ci, je n’ai pas besoin de plus. J’avoue que je n’aime pas vraiment la partie de ma vie où je fais partie de cette catégorie de gens huppés. Malgré tout, ça se voit qu’il y a un grand écart entre ces gens et moi. Malheureusement, tout n'est jamais parfait dans la vie, et il faut quand même signaler que cette partie de ma vie m’apporte pas mal de bonus. Et j'avoue que parfois, ce monde est ridiculement intéressant et j’aime de temps en temps, me laisser aller à ce petit jeu-là. Et je n’ai pas trop le choix non plus. Ne me jugez pas pour ça. Et... je le dois à mon mari, je lui avais promis. Mais ce que j’aime vraiment c’est l’autre partie de ma vie, les Temptresses. J’aime la confusion que les gens ressentent, lorsqu’ils nous voient ou entendent parler des nous. J’aime savoir que les autorités bouillonnent, à l'idée de ne pas pouvoir faire grand chose contre nous. J’aime que les gens puissent penser que nous ne sommes qu’une bande de vulgaires petites catins en entendant nos manières de faire et que le Bat Mahlat’s n’est rien d’autre qu’une sorte de repère de putes ! elle ricane. Oui, ça me fait doucement rire !... J’aime qu’ils pensent que nous sommes inoffensives, d’un genre pacifistes, que nous nous donnons qu’un genre. J’aime qu’on nous admire pour notre sensualité, notre charme, notre diversité, notre tempérament... J’aime qu’ils parlent de nous comme si nous étions l’incarnation de la tentation, de démones toutes plus maléfiques les une que les autres. J’aime voir la surprise dans leurs yeux lorsqu’ils finissent par comprendre qui est l’As de la ville, qui gère tout. J’aime voir ces messieurs à ma botte, ces gros durs aux gros bras, prêts à m'embrasser les pieds, simplement pour vendre qu’un seul petit gramme des substances que je produis ou que je coupe. J’aime le respect dont certains avertis peuvent faire preuve à mon égard, et à celui de mes sœurs Temptresses. Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est de voir la peur dans leurs yeux, au moment où ils comprennent qu’ils ont merdé et que désormais, il n’y a plus de retour possible. Et vous savez quoi ? Je m’en tape si je dois me faire serrer par les flics pour toutes ces merdes un jour, que j'aurais plus d’une dizaine ou je ne sais pas combien d'années à tirer au trou cette fois-ci... ou qu'on finisse simplement par me buter.. Je n’ai pas peur de tout ça. Rien ne dure, j’en ai conscience. Je joue la comédie sans vraiment la jouer. Je vis sur le moment, je suis mon instinct sans parfois trop réfléchir. Je parle comme j’agis et j’agis comme je parle. Je n’ai pas le temps de me poser trente-six-milles questions. Je vis à deux-cents à l’heure, les choses se passent très rapidement par ici. Et ce sont ces derniers points, qui font toute la différence entre le cartel de Samuel Aka “L'Organisation” pour les autorités... du moins, avant qu’ils croient tous que le cartel n’est plus actif, et mon gang.»