top of page

Il vit cette femme à la longue et épaisse chevelure brune surgir de derrière la porte. Elle était son portrait craché, mais c'était fou ce que sur de nombreux points, ils étaient si éloignés l’un de l’autre. Cela faisait plusieurs semaines qu’il ne l’avait pas vue et ça n’était que maintenant qu’il réalisait à quel point elle avait pu lui manquer. Il ne fallut qu’une seconde, la voyant avec un grand et large sourire aux lèvres, les bras tendus prêts à l’accueillir pour une douce accolade, pour se rappeler à quel point il pouvait l’aimer.

 

— Ça me fait plaisir de te revoir, Maman, dit-il sur un ton sincère en la prenant dans ses bras en laissant tomber au sol le sac de sport qu'il tenait à la main.

— Moi aussi, mi hijo, rétorqua-t-elle en resserrant légèrement son étreinte. Entre ! Je suis en train de préparer le repas. Je suis vraiment contente de te revoir ! Où étais-tu passé tout ce temps ? Et mes petits enfants alors ?!

 

Lança-t-elle en s'enfonçant dans l'appartement jusqu'à atteindre la cuisine ouverte sur le salon du modeste appartement. Il se trouvait là une petite fille blonde, âgée de dix ans à cette époque avec qui, Finn échangea quelques banalités, et discuta quelques minutes de son anniversaire qui aurait bientôt lieu, avant qu'elle ne parte s'isoler dans sa chambre.

[...]

— Alors, tu ne m’as pas répondu ? Où étais-tu ces derniers jours, pour ne prendre aucune nouvelles de nous ? lança Celene en découpant les légumes qu'elle avait précédemment épluchés.

— J’avais des affaires à régler, répondit Finn.

— “Des affaires”... répéta-t-elle dans un soupire, avant d’arrêter de couper la pomme-de-terre qu’elle tenait entre ses mains.  Quel genre d’affaires ? Et ça, on peut savoir ce que c’est ? lança-t-elle, en pointant de son couteau le sac que Finn transportait avant de se remettre à cuisiner.

En entendant la demande de sa mère, Finn ouvrit le sac en question, avant d'en sortir deux enveloppes épaisses visiblement remplies d'argent en vue de la forme rectangulaire des paquets qui se trouvaient à l'intérieur.

— C'est pour que tu refasses ta vie ailleurs, Maman. Et surtout… loin de Pedro. Je le sens pas ce type et franchement, je ne l'aime pas. J'ai pas l'impression qu'il te rende heureuse, comme beaucoup de gens de la famille. Seth et tante Alicia m'ont dit que c'était un genre d'alcoolique. Et tu sais, Ava est encore petite, elle ne peut pas avoir de nouveau ce genre de personne dans son entourage, pour son équilibre et tu le sais, lança Finn avant de poser les enveloppes sur le comptoir.

En entendant les paroles de son fils, Celene s'arrêta net et posa sèchement le couteau et la nouvelle patate qu'elle tenait dans sa main gauche. Ensuite elle observa les fameuses enveloppes que son fils aîné venait de poser en fronçant les sourcils, avant de poser un regard froid et colérique sur lui.

 

— Tu crois que quoi ?! Que l’argent résout tous les problèmes ?! Et je suppose, de l’argent sale en plus ?! Non mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?! dit-elle en haussant le ton

— Non. Mais ça en résout beaucoup. Comme les tiens avec Pedro, par exemple. Et ne me fais pas croire que l'origine de cet argent t’importe réellement, Maman. Ne me force pas à te rappeler tout ce qu'il s'est passé. rétorqua-t-il calmement mais sèchement.

En entendant les paroles de son fils, Celene soupira bruyamment avant de replacer sa chevelure brune vers l'arrière.

— …Pedro… J’en fais mon affaire, OK ?! Je n’ai besoin d'absolument aucune aide pour gérer mon couple et encore moins de celle de mon fils qui n'a aucune idée de ce que ça représente ! Alors tu devrais sérieusement commencer par te taire !

Sous ces mots, Finn lâcha un rire jaune, l'observant le regard noir et les sourcils froncés

— Tu sais Maman, tu...

 

Alors qu'il était sur le point de lui asséner la réplique qui allait sans doutes faire passer leur dispute à un cran supérieur, les yeux de Finn quittèrent ceux de Celene, bien trop attirées par ces marques violettes présentes autour du cou de cette dernière. C'était des marques de strangulation ? Le brun se leva de son tabouret et s'approcha légèrement d'elle afin d'être sûr de ce qu'il venait de voir, avant de faire un pas en arrière tout en secouant la tête, presque comme s'il venait de prendre une énorme droite en pleine face.

 

— D’où ça vient, ça, sur ton cou ? C’est lui qui t’a fait ça ?! lança Finn de manière colérique, étant visiblement moins calme qu'il y avait quelques secondes.

— … oui, finit-elle par répondre presque dans un murmure.

 

Suite à sa réponse, pris d'une rage subite monstre, Finn lâcha un juron et se mit à faire les cent pas, se retenant tant bien que mal de casser et de frapper dans tout ce qui se trouvait dans cet appartement ; enfin de le détruire entièrement avant d'y mettre le feu. Comment est-ce qu'un abruti pareil, cette vieille raclure avait pu lever la main sur sa mère ? Comment avait-il pu croire qu'il en avait ne serait-ce qu'une seconde le droit ? Cela le mettait en rage, tout son corps, son âme, son être en bouillonnait. Celene n'avait jamais vu le visage de son fils aussi déformé par la haine et la colère. Elle n'avait jamais vu ses yeux gris s'assombrir de cette manière. Elle craignait. Elle n'avait pas peur de lui, mais plutôt pour lui. Oui, elle avait peur pour lui, peur de ce qu'il avait en tête de faire, peur qu'il commette le pire. Ce fut alors qu'elle reprit la parole, cherchant à le calmer :

 

— Calmes-toi, Finn ! Ça… ça ne sert à rien de se mettre dans un état pareil ! dit-elle en tentant de raisonner son fils.

— Dis-moi, ça s'est passé comment ?! Est-ce qu'il a l'habitude de lever la main sur toi ?!

 

En entendant les paroles de son fils, de ses mains tremblantes, elle toucha du bout des doigts son cou. Alors qu'elle tenta de s'exprimer, elle éclata en sanglots avant de se déplacer tout en prenant appuie sur le mobilier de l'appartement, jusqu'à la table puis elle s'installa sur l'un des sièges. Après cela, Celene essuya ses larmes et prit une grande respiration afin de se calmer.

— ...Pedro… il... était saoul, hier soir. Il a tenté de s’en prendre à Ava. Tu sais que c’est ma fille. Oui, ma fille. Je ne laisserai jamais qui que ce soit lever la main sur elle. J'ai essayé de le raisonner. Mais ça n’a fait que… qu’accentuer sa colère. Alors il m’a étranglée. Il m’a étranglée tellement fort que j’ai cru qu’il allait me tuer, je te le jure, s'exclama-t-elle avant de reprendre sa respiration. Je... je suis tellement désolée, et j’ai tellement honte, si tu savais, dit-elle avant de laisser couler ses larmes sans retenue ...J'ai l'impression que rien ne va en ce moment, alors que je fais de mon mieux, Finn ! Et je suis tellement fatiguée aussi… Regarde ! Tout ça, c'est de ma faute... La mienne ! Ne crois surtout pas que j'essaie de faire ma victime, parce que tu sais parfaitement que ce n'est pas mon genre ! Mais rien de ce que je fais ou entreprend ne fonctionne ! Je n'ai jamais su trouver un homme qui me respecte et me mérite, ni à créer un bon environnement pour mes enfants, afin qu'ils soient bien et heureux auprès de moi ! Ava, tout va bien avec elle... Mais Seth... ça fait trois jours qu'il est dehors et je ne sais même pas s'il va bien et toi… regarde nous. On est incapables de tenir une conversation sans se disputer ou se crier dessus, alors que ça faisait des semaines que nous nous n'étions pas vus ! Je suis tellement désolée, mi hijo, si seulement tu savais...

 

La voir pleurer, l’entendre s’excuser sans relâche alors que c'était elle qui avait subi… Encore jamais, Finn ne l'avait vue dans un tel état. Elle devait sûrement vivre un enfer depuis ces deux dernières années et il n'avait rien vu, alors que cela faisait plus d'un an qu'il était sorti de prison. Et il s'en voulait terriblement. Comment avait-il pu passer à côté de cela ? C'était la question qu'il n'avait de cesse de se répéter. Comment avait-il pu négliger son entourage à ce point depuis qu'il était libre et travaillait pour Samuel Kalina ? Comment avait-il pu commettre de telles erreurs ? Il fallait qu'il fixe ça. Ce fut alors que visiblement plus calme, il s'installa à côté de sa mère.

— Maman, ne t'excuse surtout pas, d'accord ? Tu n'as pas à le faire. Tout ça, c'est pas de ta faute… Tu sais que tu as été une bonne mère, tu as toujours fait ce que tu pouvais. Et je vais régler ça, ne t'en fais pas. dit-il calmement. Réunis tes affaires et celles d’Ava.

— Quoi ? Mais pourquoi ? Et Seth alors ?!

— Est-ce que tu vas réussir à me faire confiance au moins une fois, dans ta vie ? Je te demande de prendre tes affaires et celles d’Ava et d’aller chez tante Alicia et prend l'argent que j'ai ramené, aussi. Je m’occuperai de Seth et de Pedro.

Celene observa Finn un instant, l'aire dubitative. Elle avait comme un doute. Il allait réellement le faire. Et malgré elle, elle voulait qu'il le fasse. Que tout cela finisse enfin, comme cela doit se finir. Ce fut alors que finalment, elle sécha ses larmes et acquiesça

— ...Ava ! Dépêches-toi de réunir toutes tes affaires préférées vite fait, on doit aller chez ta tante ! Prends ta valise, et ne prends pas le temps de bien plier les choses si elles ne le sont pas ! On n'a pas le temps ! s'écria-t-elle afin que l'enfant l'entendre de depuis sa chambre tout en se dirigeant vers celle-ci. Peut-être qu'on repassera après prendre le reste !

 

Pour la première fois de sa vie, à vingt-deux ans, Finn Robbins eut une réelle envie de meurtre. Oui, il voulait faire payer Pedro Alcaraz de par son sang, pour avoir posé ne serait-ce qu'un petit doigt sur sa mère, sa sœur et probablement son frère. Il voulait s'en charger lui-même. Et ce soir, il allait tuer pour la première fois de sa vie. Il n'y avait pas d'autre issue. C'était devenu pour lui, une affaire personnelle. C'était pour cela que Finn espérait fortement que sa mère et sa sœur soient parties avant que ce Pedro Alcaraz ne soit là. Elles seraient les témoins d’une fureur et d’un acharnement tels, que leurs sains esprits en seraient souillés pour l’éternité. Dès l’instant où cet homme entrera dans ce quatre-pièces, le brun ne répondra plus de lui, laissant dangereusement se réveiller le Mal qui sommeillait en lui depuis si longtemps.

bottom of page