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— Mateo a consacré les dernières années de sa vie à faire de moi l'un des meilleurs agents que tout ce bordel ait pu connaître. Tu penses vraiment que je serai en mesure de le trahir de cette manière ? Mais toi, Sahar.... ça m'étonnerait que tu sois réellement des leurs. Surtout pas après ton histoire avec Pietro.

Sous ses mots, Sahar éclata d'un rire franc. Bien évidemment Jocelynn s'attendait à ce genre de réaction de sa part. La piquer en lui reparlant de son aventure avec le fils de Mateo avait toujours été pour elle, une excellente source de divertissement.

— Et donc ? L'histoire dont tu me parles date d'il y a beaucoup plus que dix ans, rétorqua Sahar. Tu penses sincèrement que ce que j'ai pu vivre avec cet homme puisse encore, bien que ça n'a jamais été le cas, affecter mon jugement et mes décisions ? Ne sois pas si naïve, Jocelynn.

Dit-elle avant de retourner s'asseoir sur le divan, tout en remerciant la domestique qui venait d'apporter sur un plateau un service à thé pour deux, accompagné de quelques gâteaux.

— Ne reste pas plantée là. Tu verras, les basboussas au citron et le thé à la menthe font un excellent mariage, lança Sahar sur un ton convivial.

— Non merci, ça ira.

— Tu sais que c'est très impoli ? Je pensais pourtant que Mateo avait fini par t'apprendre les bonnes manière... Et ne t'en fais surtout pas, je ne suis pas comme toi. Il n'y a pas la moindre trace de poison dans cette théière ni dans les basboussas. Je sais encore bien m'occuper de mes invités.

— Permets-moi toujours douter de personnes comme toi.

Sous ses mots, Sahar se contenta de légèrement arquer un sourcil, avant de mettre un demi sucre dans sa tasse, mais servir les deux petites tasses de thé. Après avoir bu une gorgée, la trentenaire reposa son regard sur Jocelynn, avant de reprendre la parole.

— Evite de me contrarier. Installes-toi et bois. Je déteste qu'on rejette mon hospitalité, je trouve ça particulièrement grossier, dit Sahar. Et j'aimerais parler de choses sérieuses. Ne crois pas que je t'ai seulement invitée ici pour t'offrir le thé et des gâteaux.

Jocelynn finit alors par s'asseoir. Après avoir mis trois demi sucres dans son thé, elle le mélangea, puis elle reporta son regard sur la Abdellah.

— Bon, qu'est-ce que tu me veux ? demanda Jocelynn

— Qu'est-il arrivé à Jane ?

— Tu le sais très bien.

— Non je n'en ai aucune idée. Parle Jocelynn. Tu as tout intérêt à me dire ce que je veux entendre.

— Disons que je l'ai "empoisonnée", et c'était particulièrement jouissif de voir cet homme autant souffrir lorsqu'il a retrouvé sa femme inerte, au bord de la piscine, la pensant totalement morte, avoua-t-elle sans grand mal ni perdre la face. Parce que s'il y avait bien une chose que cet homme aimait bien plus que sa propre personne et le pouvoir, c'était sa chère et tendre épouse. 

— Attends, tu as bien dit "la pensant" ? Jane n'est pas morte ? Et où est-elle ?

Jocelynn se contenta de souffler un rire, avant d'enfin prendre une bouchée du gâteau à la semoule puis de boire une gorgée de thé. Elle observa un court instant le gâteau le trouvant particulièrement bon, avant de reporter son attention sur son hôte. Bien évidemment, elle n'allait pas lui donner une information aussi précieuse si facilement. Et le fait qu'elle ait laissé planer le doute quant à la mort véritable de cette Jane était bien évidemment volontaire de sa part. Elle savait que Sahar savait ce qu'elle avait fait, et ce dès le départ. A vrai dire, elle avait tout fait pour. Et il y avait bien longtemps qu'elle attendait cette conversation. Cependant, elle n'allait pas lâcher la bombe tout de suite. Même si elle avait toujours eu une grande confiance en elle, qui a pu ces derniers temps être mise à l'épreuve, elle appréciait tout de même la voir miroiter un peu, après tout ça avait toujours été leur petit jeu. Mais elle savait qu'elle finirait par tout lui dire sous peu.

— Tu as raison, les... basboussas au citron et le thé à la menthe font un excellent mariage, finit par répondre Jocelynn en ayant un léger sourire malicieux aux lèvres. C'est tout ce que tu voulais savoir, sinon ?

— Tu savais très bien ce que tu faisais, tu savais que ça allait attirer mon attention. Comme ça tu aurais vu si j'étais avec ou contre eux. Ca ne m'étonne pas de toi.

— Et si tu étais avec eux, telle que je te connais, il y aurait bien longtemps que tu m'aurais fait sauter la cervelle. C'était un risque à prendre, mais mon instinct ne me trompe jamais.

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— Jamais ? Tu en es certaine ?

— Jamais, affirma-t-elle avec assurance.

Sous ses mots, Sahar poussa un léger rire, avant de poursuivre :

— Tu ne cesseras jamais de m'impressionner, Jocelynn. Tu sais, si je t'ai appelée, ce n'est pas uniquement pour parler de Jane et son imbécile de mari, dit-elle avant de boire une gorgée de son thé. J'ai du travail pour toi.

— Qui je dois tuer ? demanda-t-elle sur un ton suspicieux

— "Tuer" ? Oh, non, tu n'auras plus personne à tuer... Enfin, tant que ce n'est pas une nécessité. Cette vie est derrière toi, désormais. J'estime que tu mérites une meilleure place dans ce monde que celle d'une tueuse à gage.

— Une meilleure place ? Qu'as-tu en tête ?

— Tu sais j'apprécie ta faculté à mener les gens un peu où tu veux qu'ils aillent. Un peu comme tu aurais réussi à le faire avec moi, si je ne t'avais pas cernée toutes ces années déjà.

— Tu savais que je voulais te tester ?

— Bien sûr, pour qui me prends-tu ?! D'ailleurs, ça m'a presque fait un peu de peine, dit-elle sur un ton narquois. Mais je ne peux pas t'en vouloir...

— Presque ? Seulement ? Bon... C'est déjà ça, dit-elle l'air faussement insatisfait. Et si on allait droit au but ? Le thé commence sérieusement à refroidir, ajouta-t-elle en ayant un léger sourire aux lèvres et un regard rempli de curiosité.

— Ne sois pas si impatiente. Comme je te l'ai dit, j'apprécie la faculté que tu as, ta facilité à mener les gens là où tu veux qu'ils aillent et à les sonder. Et c'est de quelqu'un comme toi, dont j'ai besoin à mes côtés. Je veux que tu gères certaines de mes affaires à Los Angeles en faisant de toi mon nouveau 

bras droit aux Etats-Unis.

Particulièrement surprise par cette proposition, Jocelynn crut s'étouffer lorsqu'elle avala la dernière gorgée de son thé. A vrai dire, elle n'aurait jamais véritablement pensé que Sahar puisse penser à elle pour tenir ce genre de rôle un jour, même si cela faisait des années qu'elles savaient ce que l'une et l'autre valait. Elles n'avaient jamais eu de mauvaises relations et il fallait bien qu'elle reconnaisse que travailler pour Sahar, même si c'était pour le compte l'Institut avait toujours été intéressant et elle était l'une des seules personne au monde à qui elle arrivait à plus ou moins bien supporter l'autorité. Alors Jocelynn lui répondit :

— J'avoue que.... et bien que c'est assez intéressant. Je ne m'attendais pas à cette proposition. Mais... qu'est-il arrivé à l'ancien ? demanda-t-elle particulièrement surprise

— Il n'en valait plus la peine, répondit-elle avec indifférence. Si tu pouvais te rendre à L.A une semaine sur deux pour le moment — ou plus, vois ça avec toi —  à partir du mois prochain, ça serait parfait. Bien évidemment, tu seras gracieusement payée, logée dans l'une de mes propriétés de ton choix : villa à Malibu ou Beverly Hills ou dans un splendide penthouse dans le Downtown... tout ce que tu veux. Evidemment, tu auras un statut officiel. Et j'aurai aussi besoin de toi pour me représenter de temps en temps, mais ça ne sera qu'une partie mineure de ton travail. Si tu acceptes Jocelynn, attention. J'aurais beau te connaître depuis des années déjà, tu n'auras pas intérêt à merder avec moi ne serait-ce qu'une seule fois. Tu sais tout aussi bien que moi que par les temps qui courent, il est terriblement difficile d'avoir des gens de confiance autour de soi. Je te donne une énorme partie de ma confiance et je sais déjà que j'ai une énorme partie de la tienne. Alors il serait dommage de faire tomber tout ça à l'eau et que la fin soit tragique.

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