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C’est pour mes enfants que j’ai fait ça et personne d’autre. J'assume ce que j’ai fait. Je ne le regrette pas et je ne le regretterai jamais.”

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Ces mots, prononcés par Louisa, la mère de Lamar, le jour de son jugement, résonnaient encore dans son esprit. Il se souvenait. De tout. Des mots, des coups, des cris étouffés dans la nuit. De la peur constante qui planait sur leur foyer, comme une ombre menaçante qui ne les quittait jamais. Il revoyait les larmes silencieuses de sa mère, celles de ses sœurs, les siennes aussi.

 

Il se rappelait surtout de cette journée. Celle où tout avait basculé.

 

Ce jour-là, sa mère leur avait dit qu’ils allaient passer la journée chez leur tante, avec leur cousine Une journée normale, loin de la maison, loin de lui. Mais le soir, en rentrant, quelque chose n’était pas comme d'habitude. Des voitures de police stationnaient en bas de leur immeuble. Un camion de pompiers était là aussi, gyrophares allumés. Des uniformes partout, des visages graves, des radios qui grésillaient. Et puis, il y avait elle. Assise sur les marches de l’entrée, entourée de policiers. Son regard perdu dans le vide, ses mains serrées l’une contre l’autre. Lamar et ses sœurs avaient voulu courir vers elle, mais des bras inconnus les en avaient empêchés. Leur tante aussi avait tenté de passer, en vain. Quelques minutes plus tard, ils avaient vu les pompiers sortir de l’immeuble. Un brancard. Une bâche. Un corps en dessous. “C’est horrible, il est complètement défiguré !”, murmura un policier. Lamar ne savait pas s'il avait vraiment entendu ces mots ou s'ils étaient le fruit de son imagination. Mais il savait ce que cela signifiait. Il était mort. Enfin.

Suite à cela, ils avaient laissé Louisa embrasser ses enfants une dernière fois avant de l’emmener. “C’est fini, mes amours. Je suis désolée que ça ait duré aussi longtemps.” avait dit Louisa d'une voix était douce dans son étreinte. Elle semblait apaisée, comme si un poids venait de s’envoler.

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Et elle avait raison. Tout était enfin fini.

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Après cela, ils avaient perdu leur maison. Le juge avait décidé qu'ils iraient dans un foyer catholique, l'Angel Guardian Home, en attendant que leur tante puisse les recueillir. Mais peu importait. Plus de cris. Plus de coups. Plus d’ombre menaçante au pied de leur lit. Ils étaient libres. Et pour ça, Lamar, Lise et Roselia seraient éternellement reconnaissants envers leur mère.

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Sa tante n’avait jamais refusé l’argent que son fils Anthony, surnommé Tony, pouvait lui donner. Bien au contraire. Il était l’homme de la maison. L'important, c'était de pouvoir vivre et nourrir ses deux enfants et maintenant, les trois enfants de sa sœur.

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Aux yeux du fisc, elle avait simplement investi en ouvrant un salon de coiffure au cœur du quartier. Mais en réalité, ce n'était qu'un moyen de blanchir assez d'argent pour leur permettre de vivre confortablement et de ne manquer de rien.

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Tony était à la tête du gang qu’il avait nommé TIG. Il avait su s’imposer dans leur quartier à Brooklyn en vendant une came à la recette unique, si pure et puissante que les crackheads et cocaïnomanes des quartiers voisins venaient jusqu'à lui pour se fournir. Mais pour se faire respecter et maintenir la paix sur son territoire, la violence et les guerres de gangs avaient fini par faire partie de son quotidien et de celui de son entourage.

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Tony savait qu'il n'allait pas vivre longtemps. Il avait vingt-deux ans. Lamar en avait treize. Tony, lui, avait commencé à dealer à quinze ans. Il savait que son avenir était incertain, que la prison ou la mort l'attendaient au tournant. Alors, il devait préparer le terrain.

Il ignorait combien de temps il lui restait à vivre ou à rester libre. Mais il savait une chose : le jour où il ne serait plus là, il faudrait qu'un autre homme veille sur sa mère, sa sœur et ses cousines.

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Et Lamar était bien le seul autre homme de la famille…

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