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— Ah, enfin libre, ça fait du bien pas vrai ?

— Grâce à qui ? rétorqua Lamar,  ayant un léger sourire au lèvres, en prenant un briquet et une cigarette, avant de l’allumer d’un geste assuré. J’attendais ta venue, N°0. J’avais fini par croire que tu m’avais oublié, dit-il avant de souffler un rire. Installe-toi, finit-il par dire en lui désignant une chaise en face de lui.

— Jamais, répliqua Samuel  en prenant place face à lui. Oleg, dit-il en tournant sa tête légèrement sur le côté afin de s’adresser à son homme de main. Laisse nous cinq minutes.

— Comme tu veux, répliqua le grand chauve avant de quitter la salle.

 

Lorsque l’ancien N°1 de Samuel eut quitté la pièce, Lamar avança un verre vers Samuel, avant de le remplir d’un peu de Hennessy et de reprendre la parole.

 

— Du coup ? Tu vas enfin me dire le prix de ma remise de peine ?

— On y vient. Tu sais, ça m’a beaucoup coûté de te faire passer de dix, puis à cinq et à un an et demi de prison. J’ai fait en sorte que les preuves montrant que tu étais le chef de ce gang disparaissent, qu’un type qui me devait disons… un service, se dénonce comme étant le chef à ta place, faire en sorte que l'indic se rétracte et évidemment… rincer la procureure pour que ta peine tombe aussi bas.  

 

Sous ses paroles, Lamar secoua la tête, un rire nerveux aux lèvres, avant de tirer sur sa cigarette.

​— Et alors ? Tu veux que je te rembourse ? Kareem ! dit-il en désignant un homme qui était assis sur une chaise à l’entrée de la pièce. Ramène la mallette.

Samuel fit un signe de la main lui disant de s’arrêter.

— Je veux pas de ton argent. Ta dette, elle est sur dix ans. Tu vas bosser avec moi à partir de maintenant. Pendant dix ans. Après ça, tu choisiras ce que tu voudras faire.

— Pour devenir ta pute ? C’est mort, N°0. Je préfère te donner la moitié de ce que je me fais que laisser mes gars et mon quartier et être sous tes ordres.

— J’ai dit travailler “avec moi”, Lamar. Pas “pour moi”. Ca reste deux choses bien distinctes. Et je ne te laisse pas le choix, t’as une dette envers moi. Ton quartier et tes gars seront toujours à tes ordres. Vous vous chargerez toujours de distribuer la came que je vous fournis, comme d’habitude.

— Qu’est-ce que tu veux de plus, alors ? répliqua-t-il avant de boire une gorgée 

— T’as du potentiel, tu sais négocier, tu connais les protocoles et les principes de la rue, t’es respecté… Sans parler de tes liens à Miami. J’ai besoin d’un gars comme toi dans mes rangs.

— Ah ouais, dit-il en poussant un rire nerveux avant d’écraser sa cigarette. Et à quel prix ?

—  Tu sais, dans ce marché, il n’y aura pas que moi qui aura quelque chose à gagner. Dis-moi, t’as jamais rêvé de quelque chose de plus ? Plus que ce quartier, plus de pouvoir, plus d’influence et plus de fric ?

Cela fait maintenant huit années que Lamar est devenu N°5. Plus que deux ans à travailler avec N°0 pour rembourser totalement sa dette. Mais allait-il quitter l’Organisation après tout ça ? Il ne savait pas vraiment.

​

A vrai dire, Samuel Kalina avait tenu parole. Il n’avait pas fait de lui un larbin, mais bien un équipier avec qui il collaborait. Il lui avait également permis de s'agrandir, son contrôle ne s'étendant plus uniquement sur son quartier à Brooklyn mais bien sur trois autres zones de l'arrondissement. Il avait aussi pu commencer à vivre de ses autres passions : la musique, en devenant beatmaker, et la mode, en créant sa propre marque premium en ayant l'ambition d'en faire une marque de luxe.

​

Il atteignait l'apogée de sa vie, et même s’il savait qu’il avait bossé dur pour en arriver là… il savait que Samuel y était pour beaucoup. Sans lui, Lamar serait probablement en train de purger sa dernière année de prison.

​

Il avait suivi l’Organisation dans ses moments les plus sombres et s’y sentait comme un membre à part entière. Cette "famille" lui avait prouvé qu'il pouvait compter sur elle, et inversement.

​

Alors, pourquoi partir ?

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