Tu es un grand homme, maintenant, Silas.
J'ai toujours vu en toi un visionnaire et un meneur, c'est pour ça que je t'ai donné autant, depuis ta naissance, dès l'instant où je t'ai tenu dans mes bras. Et je ne m'étais pas trompé. Tu es un homme vrai et entier. Incapable de prêcher le faux et se battant toujours pour le vrai. Tu es un homme qui en veut, Silas. Ambitieux, coriace et très intelligent, malgré ta certaine impulsivité et ton éternelle franchise. Je n'ai pas eu à te façonner, tu as su devenir l'homme que je voulais que tu sois de par toi même.
Le brasier et la force des Davenport coexistent en toi, mon fils, c'est un fait et je l'ai toujours su. Tu n'as que vingt ans, peut-être que tu te dis que devoir gérer pratiquement toutes mes affaires est un lourd challenge, surtout depuis qu'une grande partie de nos meilleurs clients ainsi qu'investisseurs ont décidés de nous tourner le dos, depuis les scandales. Mais tu y arriveras, et je sais que tu ne te laisseras pas impressionner, je le sais. Ton grand père avait ton âge, lorsqu'il s'est lancé dans la
création de l'entreprise et ta tante et moi étions à peine plus âgés, lorsqu'on a repris les reines de Davenhome. A vingt-sept ans, trois ans après ta naissance, j'ouvrais Effiyís Architecture. Tu verras, tout comme moi, les débuts seront peut-être rudes et flous. Mais petit à petit, tu verras que les choses s'éclairciront et deviendront de plus en plus à ta portée. Aussi, nous avons encore quelques amis qui pourront t'aider sur ta route, ils t'aideront à peaufiner l'homme que tu as réussi à être jusqu'à présent, à te démarquer en tant que “Silas Davenport” et pas en tant que “Fils d'Alec Davenport”, dans le monde des affaires. Tu deviendras ainsi une forte tête. Ils t'aideront également à prendre les bonnes décisions et t'entourer des meilleures personnes. Ne les néglige pas, eux et leurs avis et recommandations. Ne fais pas cette erreur que j'ai pu faire à de nombreuses reprises. Ajouté à cela, sers-toi de ce qu'il y a dans ta tête, mais également, fies-toi à ton instinct. Le tout pourrait peut-être paraître paradoxal, mais trouve un juste milieu dans tout ça.
Et sache que je suis toujours en vie, avec ta tante. D'ailleurs, nous nous trouvons avec ton oncle Cole. Ça doit sûrement te faire un sacré choc. Ta mère était au courant de tout depuis le début, ne lui en veut pas. C'est d'ailleurs elle qui se chargera de blanchir les comptes des entreprises, ne te fais pas de soucis pour ça. Sache aussi que nous n'avons pas décidé de partir à cause de tous ces scandales, tu sais bien que ta tante et moi aurions pu nous en laver ou bien en assumer les conséquences. Cependant il y a encore énormément de choses que tu ne sais pas, fils. Des choses importantes dont tu devras t'occuper avec Deva et Leandra car il en est ainsi. Il faut que tu saches que je ne suis pas l'homme que tu penses que je suis. Pas entièrement, en tous cas. Il y a encore tellement de choses de ce monde que tu ignores. Des choses concernant l'histoire de notre famille, l'origine de tout ce qui aujourd'hui, se retourne contre nous. Si seulement tout pouvait simplement se limiter à ces histoires de fraudes et cet unique assassinat, les choses auraient été tellement plus simples, de pareils extrêmes n'auraient jamais été envisagés. Le monde dans lequel nous vivons et l'environnement où tu as grandi est bien plus sombre que tu ne le pense, Silas. Tellement plus sombre. Cependant, je ne peux pas trop t'en dire maintenant. De même que je ne peux pas encore te dire où je me trouve aujourd'hui. Un jour le moment sera venu. Tu sauras enfin toute la vérité.
Et tu devines facilement qu'il ne faut parler du fait que nous sommes en vie à personne d'autre que ta mère, et aussi Deva et Leandra, qui elles, doivent sûrement être au courant de tout également, à l'heure ou tu lis cette lettre. Tu es intelligent, fais attention à tes actes et tes paroles, il y a sûrement énormément de gens qui ne croient pas à cette histoire de corps calcinés. Je ne te demanderai pas d'être faux, je sais que tu es incapable de l'être. Cependant, joue bien ton jeu.
Je viendrai à toi au moment opportun.
Ma plus grande fierté, c'est toi, mon fils, ne l'oublie jamais.
Le meilleur est à venir.
Ton vieux père.
PS : Maintenant que tu as lu cette lettre, brûle-la.
-Se saisissant d'un briquet, il la brûla.-