Ma petite Deva,
Il y a tant de choses que je n’ai pas eu le temps de te dire en face, avant de m’en aller. Le temps a fini par nous rattraper, à ton oncle et moi. Enfin, suite aux derniers événements : ce qui devait arriver arriva. Sache que aujourd’hui, avec Alec, nous sommes toujours en vie, et nous nous trouvons aux côtés de Cole ; qu’à l’heure où tu lis cette lettre, nous nous trouvons déjà bien loin du pays. Sache que si nous avons décidé de simuler notre mort, ça n’était pas à cause des scandales ; que si Cole avait décidé de s’évader et que nous l’avons aidé, ça n’était pas seulement parce qu’il ne s’imaginait pas passer les quinze années à venir derrière les barreaux. Il y a beaucoup plus. Tellement plus. Tant de choses que tu ne sais pas, que tu ignores de ton oncle, de moi et même de toi… de notre famille et du monde qui nous entoure. L'Histoire est tellement plus noire que tu ne le pense. Mais je ne peux pas encore te dire de quoi il s’agit. Tu trouveras dans mon coffre-fort, un début à tout ça. Peut-être que ça t'aidera à deviner certaines choses. Je ne peux
pas encore te dire où nous nous trouvons, ou si nous pourrons bientôt nous réunir tous ensemble et partager un bon dîner, non plus. Mais je viendrai à toi lorsque le moment sera venu, tu peux en être certaine. Tu devines facilement qu’il ne faut parler de tout cela à personne si ce n’est Manuela, et Silas. Leandra le saura plus tard, à ses dix-huit ans, elle est encore trop jeune pour être au courant de tout ça. Et tu devines aussi qu’il faut que tu fasses attention à tes paroles, tes gestes, tes actes et tes appels. Tu peux être sûre que tout ce que tu fais est finement épié et analysé. Pas tout le monde n’est convaincu de notre mort et il faut que ça change.
Ah, ma fille… Savoir que ces mots que j’écris seront les derniers que tu auras de ma part pour un long moment me fait énormément de peine. Tu sais, tu es ma fierté, je sais que tu ne me décevras jamais car le feu des Davenport t’anime, Deva, ne doute jamais de cela. C'est pour ça que tu ne dois rien laisser t'abattre. Le monde s'est retourné contre nous. Contre moi, ton oncle, Cole, ton cousin et ta sœur et contre toi. Tes prétendus amis et même ton petit-ami ont décidé de te tourner le dos. Je devine que même s'il y a le restant de notre petite famille autour de toi, tu te sens affreusement seule, toi qui avais toujours été entourée de mille-et-un amis. Tu dois te sentir trahie et abandonnée. Je le sais, Deva, car je te connais, c'est moi qui t'ai faite. Mais ce n'est rien, ma chérie. Tu es bien au-dessus de ça car aucun de ces gens n'étaient vrais et à tes côtés pour les bonnes raisons. Aucun de ces gens ne te méritaient véritablement. Et je devine que les nouvelles rencontres seront affreusement dures à faire pour toi. Tu verras leurs regards et leurs comportements changer lorsqu'ils sauront qui tu es, et ce que ta famille a fait. Ils te jugeront et te diront que les chiens ne font pas des chats, ou une lueur opportuniste animera leurs regards, à l’idée d’entrer dans ce monde fourbe qu’ils idéalisent, malgré le fait que la réputation de notre nom soit ternie. Mais je peux te jurer qu’un jour, tu tomberas sur des personnes qui t’aimeront véritablement pour ce que tu es ou ce que tu seras devenue. Sois-en certaine et ne perds jamais foi en la race humaine parce qu'une partie de celle-ci a pu te décevoir.
Aussi, je sais que tu te cherches, que tu n'as pas spécialement envie de reprendre les affaires familiales, malgré tout ce que tu as toujours pu me dire, mais je ne t'en veux pas, Deva. Je t'ai cédé une partie de mes parts, le reste de mes entreprises et mon patrimoine, tu pourras en faire ce que tu voudras ! Si tu veux t'éloigner de Davenhome et tout le reste, tu en as le droit. Je sais que quelle que soit ta décision, elle sera la bonne. Et tu sais, ça m'a toujours fait un peu de peine de te voir ainsi, voulant devenir ce que je voulais que tu sois, d'après toi. Mon seul et unique souhait est que tu t'épanouisse en étant ce que tu auras décidé d'être. Tu as du talent, du bon goût et tu es passionnée. Ces qualités te mèneront loin, tu peux en être certaine. Fais ce que tu aimes, épanouie toi, fais toi plaisir, respire ! Vis, Deva. Vis comme si chaque jours était le dernier, comme si tu pouvais crever d'un jour à l'autre. Oui, sois heureuse, sois-le même plus qu'avant, maintenant que tu ne m'as plus dans les pattes !
Une dernière chose : tu es la plus belle chose qui me soit arrivé. Je sais que je ne t’en ai jamais véritablement parlé. Je n'en ai jamais parlé à personne, à vrai dire. Personne, si ce n'est qu'à ton oncle et tes grands-parents maintenant décédés. Mais tu es née d’une histoire d’amour comme on n’en voit plus : pure et véritable. Une chose que même avec Cole, je n’ai pas pu vivre. Je te promets de tout te dire lorsque nous nous verrons. Dans mon coffre-fort, tu trouveras aussi un bijou que ton père m'a offert dans une boîte en verre, ainsi qu'une photo de lui. Je suppose que c'est un bon début. Il est impossible pour moi de t’écrire ce que cet homme a pu être pour moi, combien je l'aimais et puis la douleur que j'ai pu ressentir lorsque je l'ai perdu. Je trouve qu’il vaudrait mieux parler de tout ça face à face, car tu le mérites et qu’il faut qu’enfin, j’ose aborder ce sujet.
A très bientôt, ma fille, je t’aime.
N'oublie pas de prendre soin de Leandra, elle aura besoin de toi.
Le meilleur est à venir.
Ta Maman.
PS : Maintenant que tu l'as lue, brûle cette lettre.
-Elle ne la brûla pas.-